Bonjour à tous,
ça y est, j’ai fini mon contrat avec le Muséum. Comme les 2 précédents été, nous avons été à la chasse aux lemmings dans les toundras Suédoises (cf. précédents articles: ).
Comme les précédentes années, le but est de rechercher la présence de lemmings dans la toundra, et leur habitat favori. La démographie du lemming est cyclique : la population augmente d’année en année jusqu’à atteindre une densité qui peut-être parfois très importante (ce fut le cas en 2011), et à la 3ème ou 4ème tous les individus meurent pour une raison encore indéterminée, c’est un des plus grands mystères de l’écologie. Il y a 2 ans, quand nous étions sur le terrain, c’était juste après le « crash » et il y avait des lemmings morts partout. Impossible d’en voir un seul vivant ou même d’en capturer. L’année dernière, nous n’en avions pas vu, mais nous en avions capturé 3. Cette année, ça a bien changé !
Nous revenons tout juste de 7 jours passés dans les montagnes en autonomie (avec tente, duvet, affaires et nourriture sur le dos pour ces 7 jours) où nous avons galopé un peu plus d’une 40ne de kilomètres à la recherche de lemmings et d’indices de présence. Nous sommes assez contents étant donné que nous en avons déjà vu 5 en liberté, et nous en avons capturé 8. Ceci signifie donc que nous sommes dans une année où la population croît, il ne semble pas qu’il y ait encore assez de lemmings pour être dans la phase d’optimum, juste avant le crash.
Les lemmings sont plutôt drôles… quand ils sortent de leur cachette (trou dans la terre ou dans un pierrier), ils ne font que grignoter des petites mousses et des carex à proximité, s’éloignent ainsi petit à petit de leur cachette mais dès qu’ils entendent un bruit, ils retournent très vite dans leur cachette.
Le fait qu’il y ait à nouveau des lemmings fait revenir toute une série de prédateurs, et on a notamment vu un pygargue à queue blanche et de nombreux labbes à longue-queue.
Cette augmentation de la population de lemming a également une répercussion sur la population de renards polaires. En effet, il a été constaté que quand il n’y a pas de lemmings, le renard arctique n’arrive pas à se reproduire, des fois, il tente une reproduction mais elle n’arrive pas à terme. Par contre, lorsqu’il y a des lemmings, il a de bonnes reproductions. C’est un phénomène étrange… surtout quand on sait qu’en Suède il y a un programme de conservation sur le renard arctique qui notamment, met en place des stations de nourrissage pour les renards, principalement à base de croquette à chien. Même avec cette nourriture à volonté, s’il n’y a pas de lemmings, ils n’arrivent pas à se reproduire.
Cette année, nous avons réussi à voir un couple de renard avec une portée de 8 mignons petits renardeaux, c’était très joli à voir.
- C’est l’heure de la tétée!
Enfin, pour finir, un petit point météo. Cette année, nous avons de la chance car il fait très beau, et ils prévoient encore du beau temps pour la suite du terrain… et pour le moment il y a très peu de moustiques ! Le temps est très changeant et permet d’avoir de très beaux paysages dans cette toundra à la végétation rase sans arbres.
C’est assez fatiguant étant donné qu’il y a très peu de nuit… en effet, où nous sommes, il n’y a que 2 heures entre le coucher du soleil et le lever… donc il ne fait jamais vraiment nuit, c’est pratique pour lire, pas besoin de frontale, par contre, on se réveille souvent la nuit. Demain, nous allons plus au nord, il y aura encore plus de luminosité!
Actuellement, nous faisons un petit break dans une auberge et en profitons pour faire une bonne douche, des lessives et le plein de nourriture. Après cette journée de repos, nous nous apprêtons à retourner sur un autre site, plus au nord, près d’Ammarnäs pour une nouvelle session, croisons les doigts pour que l’on voit autant de bestioles !
Voici la carte de localisation de la phase de terrain que nous venons de faire, et la prochaine:
À bientôt.